11-Début de réponse?

Publié le par cartfield

L'équation n'était pas réalisable car il lui manquait des éléments.
C'est fou comme les gens peuvent se cacher sous une armure tout en gardant leur qualité. La personne conserve toutes ses aptitudes, ses attraits mais lorsque nous essayons de toucher , nous sentons une résistance.

Imaginons une belle porte en chêne d'une ancienne demeure que le propriétaire veut restaurer et consolider en y mettant un système de fermeture sécurisé . Le menuisier va la reconstituer au sein de son atelier en partant d'un nouveau cadre qu'il constituera en reprenant les techniques de l'époque. Tout sera recrée à l'identique, il réglera sa toupie et utilisera un outil tout droit sorti du tiroir de son grand père pour réaliser les moulures.... Une fois ce travail réalisé, il s'associera peut etre avec un forgeron d'art pour réaliser la fermeture afin de conserver le style rustique....Au  final la porte ressortira à l'identique mais renforcée...

Jonathan avait du passer par ce stade de consolidation. Aurélie s'y attendait, cela allait de soi. D'apparence, il n'avait pas changé, son sourire était aussi généreux, son regard aussi troublant, sa peau toujours aussi douce. Caractériellement, son humour était intact, ses préoccupations identiques, son dévouement toujours présent et sincère. D'apparence Jonathan était le même. Aurélie essayait d'entrer en communion avec son coeur mais l'entrée était bloquée comme si quelqu'un avait mis en place l'entrebailleur. Avec son charme et quelques regards, elle savait qu'elle aurait facilement pu rompre cette chaînette de sécurité, mais elle s'interdisait ce comportement. Sa ligne de conduite était simple: observer et attendre. Un peu comme le carpiste qui après avoir installé tout son matériel et amorcé la zone, se place sous son abri de pêche et patiente en somnolant , attendant que la carpe commune daigne déguster les graines de mais savamment piquées à l'hameçon.
Lors de cette après-midi, tous les sujets ont été abordés, les fous rires furent nombreux. Bref comme dirait l'autre, tout était bien dans le meilleur des mondes... ou presque.
L'orage grondant, la fin d'après-midi se terminait dans un bar trouvé à la hâte entre gouttes et coups de parapluies. L'averse ne passait pas mais les serveurs commençaient la fermeture  et la préparation des tables pour le dîner, les poussant vers la sortie.
Les revoilà tout deux sous la pluie fraîche de ce début de mois d'août, cherchant quelque coin tranquille pour s'abriter.
Sous le parvis de la faculté de droit,Jonathan, contre toutes attentes, glissa une tendre bise sur la joue d'Aurélie. Cette bise, innocente, sur sa joue rafraîchit par la pluie, entraîna un échauffement tel, que son coeur se mit à battre à un rythme éfréné comme si une alarme détectait un feu et que tout s'agitait en elle pour le  contenir et le combattre.  Le geste était si inattendu qu'Aurélie lança troublée et hésitante

-Qu'est-ce que ça signifie?

De sa naturelle spontanéité ,Jonathan répondit avec une pointe d'humour et en faisant le geste entre son pouce et son index

-J'en avais envie, et puis ce n'est qu'un petit bisou. .. mais j'en veux un aussi".

Aurélie était complètement émue et ...perdue . Elle retenait ses larmes car elle ne voulait surtout pas craquer. Jonathan n'était pas sûr de lui, avait des doutes et elle ne voulait surtout pas se donner de fausses illusions en attendant qu'il prenne sa décision.  Elle suivit son coeur et avança son visage près de celui de Jonathan qui attendait fièrement sa récompense .Ses lèvres vinrent doucement et tendrement se poser sur la joue de l'homme pour qui elle avait parcouru le pays. Ce baiser fut le moment le plus fort  de la journée L'émotion était à son maximum et Aurélie ne contrôlait plus rien.: elle traversa la ligne de tram, sans trop regarder, les yeux remplis de larmes, fit les 100 pas sur le trottoir, pensant à voix haute .... Jonathan la laissa quelques secondes seule avec elle même, il était gêné et s'en voulait. Mais il ne savait pas rester sans rien faire, il la rejoint sans plus attendre:

-Excuse moi, je n'aurai pas dû, j'ai été ridicule, je ne voulais pas que tu craques Aurélie, je suis vraiment stupide... dit Jonathan se retenant de la prendre dans ses bras.
-Ce n'est pas grave Jonathan, ça va passer, c'est juste que je ne sais plus trop où j'en suis mais c'est vrai que tu aurai du t'abstenir car c'était bien la pire chose que tu pouvais faire pour me faire chavirer.
-oui pardon
Séchant ses larmes:

-mais bon cela donne un début de réponse
-....
- bon disons que c'est un incident n'est-ce pas?
Gêné il répondit d'une voix basse

-pas vraiment, disons que je suis un peu perdu aussi (silence), ce petit bisou, j'avais envie de te le donner et j'avais très envie d'en recevoir un également car (silence) ça me manquait mais je n'aurai pas dû car tu vas croire que je joue avec tes sentiments , et s'il s'avère que nous restons amis, tu auras mal ...et je ne veux pas te voir souffrir
Portant le doigts sur les lèvres de Jonathan :

-Chut Jonathan, chut, n'en dis pas plus, ne te pose pas tant de question, ...laissons faire le temps
Ils allèrent s'abriter sous un autre abri de fortune pour parler encore un peu avant d'en être à nouveau déloger.
-Il est temps de se quitter je crois que le destin veut nous séparer,... ce soir!
-Oui on dirait mais c'est vrai qu'il est tard, je te dis au revoir mais cette fois je m'abstient du petit bisous lui dit il en souriant.
-oui il vaut mieux!
Elle le regarda s'éloigner en direction de sa ligne de tram , assise songeuse sur son banc froid.
Quelle drôle d'idée de faire des bancs métalliques qui vous brûlent les fesses en été et vous renvoie le froid par mauvais temps. Ces architectes ne doivent jamais attendre les transports en commun!
Le trajet de retour fut rempli d'émotion. Plus rien ne la contraignait à retenir ses larmes derrière ses lunettes de soleil. De toute manière, Aurélie se fichait bien de ce que les passagers pouvaient penser d'elle, ce qui l'importait c'était Jonathan, rien d'autre ne comptait plus à ces yeux.
Ce soir elle savait que Jonathan ressentait encore des sentiments pour elle mais la question restait en suspens:Aurait il l'envie et le courage  de reprendre leur histoire?

Publié dans Cartfieldesqueries

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